Marc fait partie des 3 fondateurs d'Antistatique. Vous le connaissez sûrement déjà. Mais re-découvrez le avec les questions pertinentes de Laurent
Si tu ne devais manger qu’une seule chose pour le restant de ta vie ça serait quoi?
Ce serait beaucoup trop triste de ne pas pouvoir continuer à explorer toutes les richesses de la gastronomie. Elle est tellement riche, tellement extraordinaire. Je vis pour manger, je ne mange pas pour vivre. Si je devais choisir une seule chose, alors ce serait le jeûne.
Est-ce que tu es engagé vis-à-vis de la crise climatique, est-ce que tu te sens concerné et si oui quel est ton engagement?
Mon engagement est encore trop timide. J’ai passé beaucoup de temps à me documenter, j’en passe encore beaucoup à comprendre comment on en est arrivé là. Aujourd’hui je suis plus actif politiquement. Je me sens absolument concerné, nous le sommes tous et toutes. Nous le sommes encore plus en faisant partie des pays les plus responsables des émissions. Avoir un enfant me rend d'autant plus conscient de la responsabilité d'être un meilleur ancêtre.
Tu aimes toujours ton métier depuis toutes ces années?
Mon métier a changé tous les 2-3 ans depuis que nous avons commencé l’aventure Antistatique. Ce changement est une dimension de mon métier que j’aime particulièrement.
Ma passion c’est le partage des connaissances et la puissance supplémentaire qu’apporte le web. La simplicité de son concept permettant de se téléporter d’une page à l’autre.
Au final, mon métier c’est d’enrichir le web avec plus de sites internet de qualité. Soit en conception, soit en design, soit en développant, soit en imaginant, soit en conduisant une équipe ou soit encore en enseignant. Donc oui, j’aime toujours mon métier et je continue à trouver le web fascinant. J’en ai même dédié un talk au webmardi il y a quelques années (version texte et version vidéo).
Comment imagines-tu l’évolution de ce dernier dans le futur?
Je pense que beaucoup de choses vont changer. J’espère que le changement va nous amener vers une rationalisation et un vrai questionnement de l’avancée technologique. L’évolution n’est pas synonyme de progrès. J’imagine aussi que l’on va réellement se recentrer sur les besoins des utilisateur·trices et moins sur ceux de la technique. J’imagine une totale prise de conscience des enjeux climatiques avec un web plus léger et plus orienté vers l’essentiel. J’imagine l’intelligence artificielle réglementée et avec un coût qui correspond à la réalité de ses impacts. J’imagine aussi une meilleure accessibilité, inclusivité et une réduction de la fracture numérique.
Mais cette évolution ne se fera pas toute seule. Nous devons y travailler. Il y a cette phrase de Zeynep Tüfekçi qui m'inspire “Si nous avons un bien commun aussi précieux, il faut le défendre, sinon nous allons le perdre”.
L’évolution de notre domaine amène déjà des changements fondamentaux dans mon métier. Finalement, les outils n’évoluent pas aussi vite qu’on ne le pense. Et l’important c’est la recherche du sens et l’utilité de notre mission sinon tout s'écroule.
Tu vas faire quoi quand on arrivera au crash du numérique, si on y arrive :)?
Je pense qu'on peut encore l'éviter. Je ne sais pas ce que je ferai, mais le partage des connaissances continuera à être clé dans notre survie. Dans un effondrement de notre société moderne, je garderai mes valeurs d’entraide et essayerai de rejoindre une communauté. Se rapprocher de la nature ne m’a jamais fait de mal et j'apprécie la low tech et éplucher les couches d'abstraction.
Si tu étais un personnage de fictif tu serais qui?
Si j’étais un personnage fictif, j’aimerai être Nuuskamuikkunen. C’est le garçon avec le chapeau vert et son harmonica dans les livres de Moomin. J’en suis très loin, mais c’est un esprit tellement libre qu’il m’inspire. C’est un personnage très finlandais qui représente le courage et la sagesse. Une incarnation de la ténacité, la résilience, la lucidité et la rationalité que les finlandais appelle "Sisu". Encore un mot qui ne trouve pas de traduction dans les autres langues mais qui gagne à être connu.
Quel est ton plus beau souvenir d’enfance?
J’ai l’immense chance d’avoir eu une enfance formidable, je n’ai que des bons souvenirs. J'ai beaucoup voyagé dans le monde tout en étant bien intégré dans une vie de village riche en partage. En plus, mon papa est un grand amateur de film. Avec sa caméra Super8, il a filmé toute notre enfance. Je peux bien m’imaginer ce que les générations actuelles (filmé par les smartphones) vivrons plus tard en visionnant les vidéo de leurs premières années. Chacun de mes souvenirs sont liés à ses films qui les rendent encore plus vrais. Comme par exemple, mon premier jour d'école et surtout mes premières échappées à vélo comme ci-dessous sur l'autoroute.
Voiture ou vélo?
Vélo, sans aucune hésitation. Je l’utilise quotidiennement avec beaucoup de joie. Et pour aller plus loin, le train évidemment !
Est-ce que tu es mauvais perdant?
Je suis un très bon perdant. Par contre, le jeu c’est sérieux. Je ne supporte pas que l’on triche ou que l’on ne prenne pas les règles au sérieux.
C’est quoi ton plaisir coupable musical?
La musique n'est jamais un plaisir coupable, je peux écouter la musique électronique (celle de Christian Löffler par exemple) pendant des heures sans me lasser. J’écoute aussi beaucoup de musique blues-folk (celle de Townes Van Zandt par exemple), c’est peut être celui-là mon plaisir coupable, j'ai l'impression de m'échapper dans des paysages immenses et majestueux.
Est-ce que tu utilises toujours le même mot de passe partout?
Je ne peux pas répondre à cette question pour des raisons évidentes de sécurité. Mais j’utilise des gestionnaires de mot de passe depuis 2005 et vous devriez tous et toutes en faire autant.
T’as l’impression d’être un bon patron?
Si je répondais oui, ce ne serait pas le cas. Je n’aime déjà pas ce terme, je le range avec le mot ressources. Pour moi, le rôle de direction c’est avant tout de tout faire pour que toutes les personnes dans l’organisation se sentent bien et aient tout ce dont elles ont besoin pour comprendre et accomplir leurs missions. Voilà une phrase avec beaucoup de “tout”.
Dans tout les cas, je suis encore loin d’être un patron et ce n’est pas un objectif pour moi. En revanche, j’espère devenir meilleur.